Ce 21 mars a eu lieu la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, initiée en commémoration du jour où à Sharpeville (Afrique du sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposées par l’apartheid. En proclamant cette journée internationale en 1966, les Nations Unies ont engagé la communauté internationale à accentuer les efforts pour la lutte contre la discrimination raciale.
Ces dernières années, la lutte contre la discrimination raciale a prit plus d’ampleur notamment avec le mouvement Black Lives Matter qui a engendré une forte prise de conscience. On pourrait penser que la mode joue un rôle fort dans cette lutte pour l’inclusivité mais en réalité, l’industrie n’a pas tant changé que ça. Selon un rapport Anglais publié par Fashion Roundtable et le All-Party Parliamentary Group for Fashion and Textiles, les personnes afrodescendantes travaillant dans le secteur de la mode seraient toujours confrontées à de nombreuses discriminations. Parmi les personnes interrogées pour l’étude, 68% ont déclaré avoir été victimes ou témoins de discrimination dans des entreprises de mode. On observe aussi une charge de travail plus importante et plus longue pour les personnes racisées, ce qui peut parfois les pousser à se lancer en freelance loin des postes traditionnels du secteur.
Ce problème majeur se retrouve dans tous les pays du monde mais majoritairement dans les pays occidentaux, KW étudiante dans notre Bachelor Fashion Marketing et originaire d’Inde nous a donné son avis sur l’inclusivité dans la mode aujourd’hui : « c’est mieux qu’avant, heureusement, mais il y a encore beaucoup de discrimination en dehors des défilés, avec des photographes qui ne savent pas comment éditer des photos de mannequins de couleur. Et il y a des stylistes/coiffeurs qui travaillent sur la Fashion Week qui ne sont pas conscients de certaines appropriations culturelles lorsqu’il s’agit de coiffures comme sur le défilé Automne/Hiver 2020 de Comme des Garçons par exemple. »
Aujourd’hui, la mode essaye de se rendre plus inclusive notamment par l’apparition de plus en plus de mannequins racisés sur les podiums et campagnes publicitaires mais ce n’est pas encore une généralité. Il faut que les marques mettent en place des actions concrètes avec une communication plus transparente sur les salaires, une plus grande diversité à l’embauche et elles doivent faciliter l’insertion des personnes racisées dans le secteur de la mode afin de donner une égalité des chances pour tous. La mode doit placer la créativité comme vecteur d’inclusion.
IFA Paris, est une école de mode internationale qui a pour vocation de donner sa chance à tous sans discrimination. Il est important pour l’école que sur les défilés des collections étudiantes, un panel d’origines différentes soient représentées, aucune distinction de genre, d’âge, d’ethnie ou de handicap n’est faite. Dans sa continuité d’inclusivité, IFA Paris a noué un partenariat avec le bureau des Nations Unies de la migration des Balkans de l’Ouest et lancé une bourse pour donner leur chance à de talentueux migrants qui transitent par le centre OIM de Sarajevo. L’égalité dans l’enseignement et l’emploi dans la mode n’est toujours pas acquise, les acteurs de la mode doivent redoubler d’efforts pour faire avancer l’inclusion.