Fraîchement diplômé d’IFA Paris, Chanel Miyama fait également partie des nouvelles recrues de l’équipe pédagogique. Avec une carrière aussi atypique, il nous était impossible de ne pas lui poser les questions qui nous taraudent…
IFA Paris : Bonjour Chanel ! D’abord étudiante à l’IFA Paris, vous donnez maintenant des cours dans le cadre du programme Bachelor Marketing de la Mode, mais qui êtes-vous vraiment ?
Chanel Miyama : Je suis une Nippo-Américaine qui a grandi entre deux cultures très différentes. En raison de certaines circonstances, lorsque j’étais enfant, j’ai eu à grandir assez rapidement tout en me sentant constamment comme si j’avais du retard, sur le plan de la maturité. Le fait d’avoir été élevée et d’être constamment comparée à trois sœurs aînées beaucoup plus âgées que moi, a contribué à attiser ces craintes.
Grâce à ma belle-mère, j’ai découvert un passe-temps bénéfique qui m’a permis d’en apprendre davantage sur la croissance personnelle : Sean Covey’s’7 Habits of highly effective teenagers.
J’ai réalisé que le but de la vie n’était pas de devenir indépendant, mais d’être interdépendant. Il s’agissait pour moi de faire l’expérience de la vie et d’être capable d’apprendre de chaque échec que je rencontrais, plutôt que de me laisser submerger par cela.
Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, mais j’ai le don d’aider ceux qui ne semblent pas trouver le bon chemin en ce domaine. Ou même simplement offrir un espace pour pouvoir visualiser la personne qu’ils veulent être.
Ce fut vraiment l’un des moments les plus gratifiants de ma vie jusqu’à présent, et je n’ai pas l’intention de m’arrêter là.
IFA Paris : Dans quel contexte cette transition s’est-elle produite ?
Chanel Miyama : Je pense que le développement personnel est un très vaste sujet philosophique. Cela peut être accablant et intimidant si vous manquez de motivation, d’orientation et d’outils pour vous aider à réfléchir sur vous-même. En tant que personne qui cherche toujours à améliorer certains aspects de ma vie, j’ai réalisé que d’autres étudiants étaient intéressés à faire de même.
J’ai donc créé quelque chose que j’aurais aimé avoir quand j’étais étudiant : Un programme de cours pour explorer la pleine conscience, redécouvrir qui ils sont aujourd’hui par rapport à qui ils veulent être, et trouver ensemble le moyen le plus aisé d’y arriver.
Je suis simplement reconnaissant à IFA Paris d’avoir les mêmes idées et les mêmes valeurs que moi sur ce sujet.
IFA Paris : IFA Paris souhaitait restructurer son module de formation sur le développement personnel et professionnel. Dans le cadre du programme Mindfulness, quels ont été les changements et quels sont les principaux objectifs des innovations introduites ?
Chanel Miyama : Avant, le programme était plus axé sur les aspects professionnels, ce qui est très bien, mais j’avais l’impression qu’il manquait l’aspect personnel ainsi que des nouveautés.
L’objectif principal est maintenant de montrer aux élèves qu’ils ont la capacité de changer n’importe quel aspect de leur vie qui ne les satisfait pas et, finalement, de devenir la personne qu’ils veulent être tout en leur donnant cet espace et ce soutien pour le faire.
En tant que millenial (Génération Y) qui enseigne cette matière, j’ai l’impression d’avoir un avantage sur la génération précédente.
En grandissant dans un environnement d’auto-assistance, je comprends ce que c’est que de se sentir perdu et confus quand il s’agit de trouver sa voie et de ne pouvoir avoir aucun conseil. Sans parler de l’angoisse et de l’insécurité qui découlent du fait d’affronter vos défauts. J’allais à la librairie du coin, je me procurais des livres censés m’aider à me retrouver ou à devenir une meilleure personne, puis je faisais des expériences. Je trouvais des choses qui marchaient et d’autres qui ne marchaient pas. Je suis devenu assez douée pour savoir si le document était vraiment authentique ou fait pour la gloire ou pour de l’argent.
IFA Paris : Pouvez-vous décrire une séance classique ?
Chanel Miyama : Un cours classique comprend 5 à 10 minutes de méditation. Cours de présentation du module ; Chaque module est un nouveau sujet que nous essayons d’aborder au moins une fois par jour. Qu’il s’agisse de trouver de nouvelles valeurs, de prendre conscience de soi, d’apprendre à connaître notre petite voix intérieure, de comprendre comment fonctionne le cerveau lorsque nous sommes dépassés par les émotions, de réapprendre à communiquer avec les autres. Des échanges entre les uns et les autres pour partager les expériences, est quelque chose de vraiment important, car la classe bénéficie aussi des histoires de la vie réelle pour se faire une idée.
Il a donc été très gratifiant de pouvoir créer cet espace pour eux.
IFA Paris : Ces formations permettent-elles de théoriser ou de faire des expériences au quotidien ?
Chanel Miyama : Je conçois des fiches d’exercices qui permettent aux étudiants de réfléchir en leur posant des questions qui les provoqueront, des questions qui leur demanderont d’être aussi honnêtes que possible avec eux-mêmes. À la fin des séances, je leur donne quelques conseils qu’ils peuvent expérimenter et mettre en pratique petit à petit. S’ils en sont capables, je les encourage à les intégrer dans leurs habitudes quotidiennes.
La plupart du temps, l’étape la plus importante pour le bébé est simplement la prise de conscience. Si nous ne sommes pas conscients des problèmes que nous voulons améliorer, nous les ignorons.
IFA Paris : Vous travaillez beaucoup sur la gestion du stress avec vos étudiants. Comment cette maîtrise des émotions permet-elle aux individus de gagner en souplesse relationnelle ?
Chanel Miyama : La plupart du temps, la gestion du stress consiste à pouvoir se concentrer sur les choses qui sont EN NOTRE POUVOIR, plutôt que sur des choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle.
Bien sûr, les choses ne seront pas les mêmes pour tout le monde, mais la première étape consiste à dresser la liste des facteurs de stress pour que nous puissions les voir tous écrits. Ensuite, pouvoir se concentrer sur les choses qu’on peut contrôler.
Un autre élément important est la prise de conscience et la compréhension du fait que le stress est une émotion et que toutes les émotions sont temporaires. Ensuite, apprendre à gérer ce stress plutôt que de le laisser dicter notre vie.
Quand je parle d’être conscient, j’entends par là prendre 10 à 20 minutes par jour sur 24 heures, pour reprendre contact avec soi-même, pour faire le point sur le plan émotionnel, mental et physique à cet instant présent. Ne pas penser aux événements passés, ni planifier les événements futurs.
IFA Paris : L’estime de soi est-elle plus importante pour la réussite professionnelle ou personnelle ?
Chanel Miyama : L’estime de soi créé la base de qui nous sommes.
Je pense que les personnes qui manquent d’estime de soi commenceront à refléter cela à un point tel que les autres s’en rendront compte. Comment pouvons-nous nous attendre à ce que d’autres personnes comptent sur nous et croient en nous quand il s’agit de notre vie personnelle ou professionnelle, si nous ne croyons pas en nous-mêmes ?
Dans les deux aspects, professionnellement et personnellement, sans estime de soi, il n’y a pas de motivation. Sans motivation, il n’y a pas de but. Sans but, pourquoi sortir du lit le matin ? Cela semble un peu excessif, mais cela arrive.
Lorsqu’il s’agit de l’aspect du développement personnel par rapport à l’aspect professionnel, nous ne pouvons pas grandir professionnellement, si nous ne réfléchissons pas d’abord sur l’aspect personnel. C’est un effet d’entraînement.
IFA Paris : Pourquoi la société d’aujourd’hui nous force-t-elle à dépasser constamment nos propres limites ?
Chanel Miyama : Hmm, par où commencer ?
À mon avis, j’ai l’impression que nous redéfinissons régulièrement la barre pour la prochaine génération et que nous avons créé certaines attentes quant à ce que signifie être » heureux « , ou de » réussir « .
Apparemment, argent, gloire et succès = bonheur. Ce qui nous oblige à être compétitifs et à devenir » plus efficaces « , » plus performants « , » meilleurs « . Se mettre cette pression pour devenir meilleur que notre prochain, n’est sans doute pas le but de la vie.
J’ai l’impression qu’il est tout à fait trop courant de voir les autres comme des concurrents, ou de faire égoïstement attention à soi sans avoir de vision et de compassion à l’esprit. En réalité, la vie est une question d’interdépendance, de coexistence et de cohabitation avec la morale humanitaire.
IFA Paris : Jacques Salomé dit que » la porte du changement ne s’ouvre que de l’intérieur et chacun en a la clé ». Pouvez-vous dire aujourd’hui que vous avez trouvé la vôtre ?
Chanel Miyama : L’épanouissement personnel est une aventure sans fin. Le plus beau, c’est que nous n’avons jamais vraiment fini quand il s’agit de croissance personnelle.
J’ai le sentiment que l’enseignement de cette matière répond à un désir profond de contribuer à quelque chose de beaucoup plus grand que moi, oui. Mais la serrure change constamment. La clé, c’est le travail acharné. Ne pas attendre que les résultats nous tombent dessus.
J’aime montrer à mes étudiants que, peu importe ce que quelqu’un a dit ou pensé à leur sujet, ils peuvent vraiment être la personne qu’ils veulent, tant qu’ils y mettent du leur.
Cela dit, j’ai le sentiment d’avoir trouvé ce qui me motive à continuer à me réévaluer et à travailler pour devenir la meilleure version de moi-même, c’est-à-dire, créer un précédent pour les autres.
IFA Paris : Enfin, auriez-vous un petit conseil pour que chaque étudiant puisse identifier plus clairement la leur ?
Chanel Miyama : Non, pas seulement un petit conseil, mais plutôt un tas de conseil.
D’abord et avant tout comprendre que : Nous avons la capacité de changer. On peut développer notre cerveau, avec de l’entraînement. Quel que soit l’âge.
Si vous voulez vivre une vie plus épanouie – abandonnez les choses qui vous procurent une satisfaction instantanée et consacrez plus d’efforts dans des travaux qui vous donnent une satisfaction différée.
Renseignez-vous sur l’interdépendance. Pensez honnêtement à qui vous êtes en ce moment. Ensuite, définissez vos valeurs et ce en quoi vous croyez. Examinez ceux qui vous entourent.
Ces idées changeront en fonction de votre croissance et de votre environnement, mais lorsque vous définissez clairement vos valeurs, elles agiront comme un manuel pour vous guider dans les défis et les décisions auxquels vous êtes confrontés.
Prendre des décisions en fonction de vos valeurs vous aide à vous rappeler la personne que vous voulez être et vous garde dans la bonne voie vers cet objectif.
Imaginez essayer de monter un lit Ikea sans le manuel….