Prix Pierre Cardin : Haruki Ishii, étudiant d’IFA Paris, en demi-finale
Publié le 28/05/2025
Demi-finaliste du Pierre Cardin Young Designers Award 2025, Haruki Ishii, étudiant en 3e année du Bachelor Stylisme & Modélisme à IFA Paris, a séduit le jury avec une collection inspirée de techniques japonaises traditionnelles et pensée autour de matériaux durables.
Une collection entre tradition et innovation
Originaire du Japon, Haruki Ishii est aujourd’hui étudiant en troisième année du Bachelor Stylisme & Modélisme, dans la filière anglophone d’IFA Paris.
Pour le concours Pierre Cardin Young Designers Award 2025, il a conçu une collection nommée Shikaku (« Rectangle » en japonais) qui s’appuie sur une méthode de construction simple : assembler uniquement des formes rectangulaires, selon une méthode japonaise traditionnelle. Ce choix s’accompagne d’un engagement environnemental fort, puisqu’il a sélectionné exclusivement des tissus naturels issus de stocks inutilisés pour sa collection.
Le parcours d’un jeune créateur
Q : Peux-tu te présenter brièvement ? D’où viens-tu et qu’est-ce qui t’a mené à IFA Paris ?
R : Je m’appelle Haruki, je suis originaire du Japon et j’ai vécu dans plusieurs pays avant de venir en France. Lorsque j’ai pris la décision de devenir créateur de mode, venir m’installer à Paris m’a semblé être le choix le plus évident. J’ai découvert qu’IFA Paris proposait des formations en anglais, ce qui a conforté ma décision.
Q : Qu’est-ce qui t’a donné envie de participer au Pierre Cardin Young Designers Award ?
R : Une de mes intervenantes m’a encouragé à postuler, en me disant que mon univers créatif pouvait vraiment entrer en résonance avec le thème du concours. Elle m’a montré des références du travail de Pierre Cardin, que je ne connaissais pas si bien à l’époque, et ça m’a tout de suite parlé. Le fait qu’elle croit en mon travail m’a donné l’élan pour me lancer dans cette aventure.
Q : Qu’apprends-tu au cours de ta formation à IFA Paris ?
R : J’ai appris beaucoup de choses sur les aspects techniques et créatifs du design, mais ce que je retiens surtout, c’est l’importance de suivre ce qui me passionne vraiment. La formation m’a encouragé à écouter mes envies, à explorer mon propre univers et à tracer un chemin qui me ressemble, plutôt que de simplement répondre à des attentes extérieures.
Q : Quelles qualités valorises-tu chez un.e designer ?
R : L’ouverture aux arts en général, la capacité à puiser l’inspiration dans d’autres disciplines. Personnellement, j’essaie de me challenger à chaque nouveau projet en testant de nouvelles approches. Je trouve aussi essentiel de savoir manier différents médiums de création, que ce soit le dessin, le digital, la couture ou d’autres techniques.
Une collection basée sur des références japonaises traditionnelles
Q : Ta collection est nommée « Shikaku » et elle est inspirée par une méthode traditionnelle japonaise de construction du vêtement. Peux-tu nous en dire plus ?
R : C’est une méthode qui repose uniquement sur l’assemblage de formes rectangulaires. Contrairement à l’approche occidentale, où l’on commence par dessiner une silhouette pour ensuite découper le tissu en fonction de cette forme, la méthode japonaise repose uniquement sur des formes rectangulaires. Le vêtement est construit à partir de ces rectangles.
Q : Construire des vêtements uniquement à base de formes rectangulaires suppose des compromis : qu’est-ce qui t’a semblé le plus difficile dans ce processus ?
R : Le plus grand défi de cette collection, c’était de concilier deux logiques opposées : d’un côté, la beauté féminine, qui s’exprime en trois dimensions ; de l’autre, mon concept basé sur des formes rectangulaires, donc en deux dimensions. Créer une harmonie entre ces deux logiques était un vrai défi. Il fallait aussi dépasser l’image souvent masculine que renvoient les formes rectangulaires pour préserver la féminité de la silhouette.
Q : Le kimono semble être une référence forte dans ton travail. Comment influence-t-il ton approche du design ?
R : Le kimono influence mon travail, parfois même inconsciemment. Plusieurs fois, mes enseignants m’ont fait remarquer que certaines de mes pièces en rappelaient la structure. C’est une silhouette qui fait partie de ma culture visuelle. Cela dit, le kimono a une coupe ample et crée une forme assez uniforme, quelle que soit la personne qui le porte. J’aime aussi l’approche occidentale du vêtement, qui mise davantage sur la personnalisation, avec des coupes plus ajustées qui s’adaptent à chaque corps. Les deux influences coexistent dans ma façon de penser le design.
Q : Si tu devais décrire ton univers créatif en trois mots ?
R : Je dirais sensualité, féminité et assurance.
L’utilisation de matières durables et patronage zéro déchet
Q : Comment la technique du patronage zéro déchet a-t-elle influencé ta création ?
R : Ma création est contrainte par le fait de n’utiliser que des formes rectangulaires. Mais c’est une contrainte stimulante, car elle m’a poussé à réfléchir autrement à la construction. Elle m’a aussi permis d’optimiser la matière, je peux produire davantage de pièces si je génère moins de chutes.
Q : Peux-tu nous parler du passage du croquis au prototype ? Quelle a été la partie la plus technique ?
R : Le passage du dessin à la réalisation en volume a été compliqué. Sur le papier, à plat, ça fonctionne mais une fois sur le mannequin, on se rend compte que certaines formes ne tombent pas comme prévu. J’ai beaucoup utilisé le drapé pour ajuster les volumes et retrouver l’effet que j’avais imaginé au départ.
Q : Tu n’utilises que des matières naturelles issues de stocks dormants. Pourquoi ce choix ?
Parce que ce sont des tissus à la fois beaux et agréables à porter. Et pourtant, ils sont souvent inutilisés. J’ai envie de les valoriser, de leur redonner une place dans le processus de création. C’est aussi une manière de consommer la matière de façon plus responsable.
Q : Penses-tu que la mode peut devenir réellement durable à grande échelle ?
R : Oui, je pense que c’est possible mais il faut que les marques et les consommateurs comprennent ce que signifie réellement la durabilité. Une fois que c’est clair, on peut agir en conséquence.
Rejoignez la prochaine génération de créateurs
Entre techniques traditionnelles, réflexion environnementale et approche personnelle du vêtement, Haruki incarne une nouvelle façon de penser la mode. Si vous souhaitez, comme lui, développer votre propre vision, rejoignez IFA Paris et explorez nos formations.