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Kenzo Takada, styliste japonais (27 février 1939 – 04 octobre 2020)

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Kenzo Takada, styliste japonais (27 février 1939 – 04 octobre 2020)

By octobre, 2020avril 16th, 2022No Comments

Nouvelle victime de la Covid 19, Kenzo Takada, s’en est allé le 4 octobre 2020 alors que la Paris Fashion Week battait son plein. Hommage sous forme « d’un portrait chinois » au styliste atypique qu’il était, éternel adolescent au parcours hors norme, amoureux de la nature et des couleurs. Amoureux de la vie tout simplement.

Si j’étais une ville ? Paris

Bien que né au Japon, Kenzo accomplira toute sa carrière en France après une formation en école de mode débutée au pays du soleil levant. Après 1 mois et demi de traversée en bateau, il débarque à Marseille avant de réaliser son rêve d’installation dans la capitale de la Mode ; il y passera le restant de sa vie.

Après quelques années de galère, il est le premier créateur japonais à s’imposer sur la scène de la mode parisienne, alternant les productions pour la mode féminine, masculine, les parfums ou encore la décoration. Repéré pour ses graphismes flamboyants, ses imprimés fleuris, l’utilisation de couleurs chatoyantes, il dépoussière une Haute Couture pourtant très codifiée en y apportant de la gaieté et en proposant des coupes avant-gardistes, tirées de ses influences nippones. Longtemps griffe indépendante, la marque Kenzo sera finalement rachetée en 1993 par LVMH. Kenzo était sans nul doute le plus français de tous les japonais.

Si j’étais une œuvre d’art ? « Le Rêve » du Douanier Rousseau

Ce tableau a fortement influencé l’univers Kenzo dès son arrivée à Paris en 1964. En son hommage, il y puisera l’inspiration d’une jungle tropicale qui servira de décor à sa première boutique dans les années 70’s, et qui lui soufflera le nom de sa marque pionnière, « Jungle Jap ». Cet univers ne le quittera plus ; une collection complète « Memento n° 3 » offrira même une version contemporaine de la nature sauvage du tableau. Feuillage luxuriant et végétation colorée seront transposés sur des pièces fortes de la collection (robes, pantalons ou manteaux) sous forme de tapisseries imprimées. Jungle Jap ne sera rebaptisé KENZO qu’en 1976.

Si j’étais un animal ? Le tigre

Dès le lancement de sa marque dans les années 70, Kenzo fait du tigre l’animal emblématique de sa marque. Fasciné par sa puissance, il le propulsera sur de nombreuses pièces lors de ses défilés, avant de le faire maître absolu d’une collection capsule en 2020. Sensible à la protection de l’environnement et des animaux, une partie du chiffre d’affaire réalisé sur les ventes des basiques sera reversée à WWF, dans le cadre d’un programme intitulé « TX2 », dont l’objectif est le doublement rapide de la population des tigres sauvages.

Si j’étais une fleur ? Le coquelicot

L’aventure des parfums débute en 1988, couronnée au début des années 2000 par le succès de « Flower by Kenzo ». Plus qu’un parfum, il propose un concept global quelque peu décalé ! Basé sur l’idée audacieuse que le coquelicot n’a pas d’odeur, la fleur rouge devient pourtant l’emblème de la fragrance à succès. Le flacon réalisé par Serge Mansau « l’homme aux 250 flacons », se décline en 3 contenances, chacune figurant les différentes étapes de l’éclosion du coquelicot.

Précision anecdotique, l’inspiration du flacon proviendrait de la photo de Marc Riboud « La jeune fille à la fleur » prise en 1967 lors d’une manifestation à Washington contre l’intervention américaine au Vietnam. On y découvre une femme armée d’une simple fleur, face aux soldats munis de fusils. Un flacon pour la paix qui célèbre sûrement la réconciliation entre l’occident et l’orient, deux cultures si chères au cœur de Kenzo.

Si j’étais un vêtement ? Le kimono

Précurseur du vêtement « no gender », le style Kenzo s’identifie grâce à des formes amples, peu structurées, où les barrières entre la mode homme et la mode femme sont abolies. Les cotonnades japonaises et les kimonos sont régulièrement mis à l’honneur, revisités dans des versions plus contemporaines, aux inspirations multiculturelles.

L’inventivité (et le manque de moyens financiers) du jeune créateur ont aussi insufflé la tendance de l’upcycling bien avant l’heure ; les premiers looks confectionnés avec l’assemblage de chutes de tissus aux imprimés colorés présageaient déjà de son génie.

Si j’étais un dernier projet ? K3

Après avoir quitté l’univers de la mode, mais jamais celui de la création, Kenzo Takada relevait un nouveau challenge en designant du mobilier sous sa propre marque, K3. Si l’expérience n’était pas nouvelle pour lui, il signait en Janvier 2020 une collection complète pour la maison.

En véritable esthète, collectionneur d’art et peintre à ses heures perdues, ce passionné de design avait déjà collaboré avec de grandes maisons : le succès commercial du canapé MAH Jong de chez Roche Bobois, c’est lui, le bouddha en cristal de chez Baccarat, c’est encore lui.

A 81 ans, insatiable et infatigable, il avait encore eu l’audace d’imaginer des fauteuils Lotus, des chevets nippons ou un paravent en papier de soie, orné d’un précieux kimono de geisha. Il n’aura malheureusement pas eu le temps d’en apprécier le nouveau succès.

Si j’étais un accessoire : Le mouchoir

Toujours très populaire au Japon, Kenzo en a conçu de nombreux modèles durant toute sa carrière. Ne reste plus aux propriétaires qu’à sécher leurs larmes de chagrin avec les précieuses étoffes, en signe de dernier hommage à Mr Kenzo Takada.