
Mi ange, mi démon, la muse, sans aucune explication rationnelle, fascine l’artiste tout autant qu’elle l’inspire. Eternelle source d’influence dans son travail de stylisme, elle nourrit de sa seule présence, la dynamique créative de toutes ses collections. Egérie, amie ou guide artistique, tous deux forment souvent un tandem indissociable. Cette relation fusionnelle, qu’elle soit éphémère ou durable, mais toujours très intense, laisse bien souvent une empreinte indélébile dans l’œuvre du créateur. Portrait croisé de muses aux beautés classiques ou atypiques, mais toujours très charismatiques.
Impossible de disséquer le profil type de la muse tant il est variable selon les créateurs : inconnue, chanteuse, mannequin, actrice ou jet-setteuse. N’est pas muse qui veut mais peut devenir muse quiconque, à n’importe quel moment.
Jean-Paul Gaultier et Madonna
En recherche constante de son alter égo féminin, le créateur de mode perçoit des beautés autres que les beautés physiques. Avec une sensibilité exacerbée, il s’appuie sur l’aura d’une personnalité, sur les fêlures, forces ou faiblesses de son semblable, pour puiser son élan créateur. Quels sont les duos les plus célèbres ?
Yves Saint Laurent
Coup de foudre esthétique et amical, Yves Saint Laurent et Betty Catroux ont traversé durant 40 ans, tant le feu des projecteurs que les côtés plus obscurs de la mode. Mannequin fétiche du grand monsieur, Betty Catroux, grâce à sa silhouette androgyne, incarnait parfaitement la signature masculin-féminin si chère à Saint Laurent. Chevelure blonde platine, grandes lunettes fumées vissées sur le nez, jambes interminables, tout l’idéal physique selon YSL. Cet instinctif à la grande ouverture d’esprit, a également été le premier dans l’univers conventionnel de la haute couture, à célébrer la beauté africaine en faisant défiler Katoucha Niane, Iman, ou Rebecca Ayoko, un métissage des corps, des sens, des codes de l’esthétisme. Une démarche totalement novatrice dans les 80’s.
Jean Paul Gautier
L’enfant terrible de la mode a été un des premiers créateurs à promouvoir la mode inclusive. En se débarrassant de tout carcan social, JPG a placé la diversité au cœur de ses défilés en s’affranchissant de toutes les barrières imposées par l’industrie. Respectueux des différences, précurseur des lignes « hors normes », (petites tailles, rondes, transgenres, origines diverses…), les muses de JPG ont eu comme seul point commun de fuir l’archétype de la beauté : Madonna, Beth Ditto, Conchita Wurst, Nabilla mais aussi Farida Khelfa, qui aura peut-être été sa muse fétiche tout au long de sa carrière.
Karl Lagerfeld et Inès de la Fressange
Karl Lagerfeld
Inès de la Fressange a été pendant longtemps SA femme idéale. A partir des années 80, la grande brune aux faux airs de Coco, a entretenu des relations privilégiées avec le kaiser. Mais à chaque décennie, Karl a trouvé sa muse. Se sont succédés pêle-mêle, la beauté glaciale de Claudia Schiffer, l’allure brindille de Kate Moss, le charme à la française de Vanessa Paradis (et de sa fille Lilly Rose 20 ans plus tard), ou encore plus récemment, le style irrévérencieux de Cara Delevingne. Mais la figure emblématique de la rue de Cambon a lui aussi bousculé les conventions. Plutôt fait rare dans le métier, sa muse a pris des traits plus masculins en la personne de Baptiste Giabiconi, une personnalité à « l’élégance et la beauté androgyne ». Karl, malgré une rigidité apparente, ne faisait rien comme tout le monde. Impossible de conclure cette liste sans évoquer Choupette, sa chatte star, certainement la dernière de ses muses et de loin certainement la plus féline !
Derrière chaque créateur, chaque styliste, chaque talent se cache quelqu’un d’autre qui sert d’étincelle créative au styliste. Au fil des personnalités, des rencontres, les beautés plurielles se révèlent mais ne prennent vraiment vie que dans le regard de celui qui sait les déceler…et les exploiter.