
Peter Lindbergh, avait pour habitude d’exercer son art en noir et blanc, telle une signature distinctive. Le 03 Septembre 2019, le blanc manque à l’appel. Seul le noir assombrit encore un peu plus l’annonce de son décès, laissant la famille de la mode endeuillée par sa disparition. IFA Paris se devait de lui rendre un dernier hommage.
Né en Pologne au milieu de la seconde guerre mondiale, ayant grandi Outre Rhin, ce citoyen du monde se forme d’abord à l’Académie des Beaux-Arts de Berlin avant de rejoindre le magazine Allemand « Stern ». Il y fait ses armes en tant que photographe dans la publicité aux côtés d’Helmut Newton ou encore Guy Bourdin avant de parcourir la planète en quête de beautés brutes.
Ses clichés en noir et blanc repoussent les limites de la créativité et dépoussièrent la photo de mode de tout artifice, de toute retouche. Pionnier du style, il immortalise à travers son objectif, une mode contemporaine révélée sous un angle intemporel. L’esthétique selon Lindbergh, consiste à placer l’individu au centre de l’œuvre, à se projeter dans l’âme de son sujet pour en traduire sa véritable personnalité. Au travers de nombreux portraits en noir et blanc, il revisite les standards de beauté en sublimant la femme au naturel.
Fervent adepte du courant minimaliste « Less is more », il compose son œuvre en considérant que « la responsabilité des photographes consiste à libérer les femmes de la dictature de la jeunesse et de la perfection ».
Fort de ces convictions, il réalise en 1988 sa photo iconique : celle où posent quelques tops modèles encore inconnus du grand public (Kate Moss, Naomi Campbell, Cindy Crawford ou Claudia Schiffer), vêtues de simples chemises blanches sur une plage californienne. Ce cliché marquera l’avènement de la starification des mannequins des années 90 et la consécration du génie de Lindbergh. S’ensuivent de nombreuses collaborations avec les magazines Vogue, Vanity Fair ou Harper Bazaar, les grandes marques se l’arrachent pour signer leur campagne (Chanel, Armani, Prada). Un succès qui ne s’est jamais démenti durant 4 décennies.
A une époque où la dictature des canons de beauté fait (dangereusement) rage, où Photoshop standardise l’art de la photographie de mode, nous ne pouvons que saluer ce parcours hors norme, dont la créativité à contre-courant a fait toute la gloire.