
Ce n’est pas le fruit du hasard si IFA Paris a choisi d’aborder, lors du prochain défilé de fin d’étude des étudiants en Bachelor Stylisme Modélisme, le thème de la beauté sous un angle différent ; « Beauty » reprendra tous les codes des attributs féminins et masculins, en prenant soin de promouvoir une vraie liberté des apparences. Des pièces inspirées par la Disabled fashion, la mode modeste ou issues de l’Upcycling, témoigneront de notre volonté de porter un regard novateur sur le corps et le vêtement. Déconstruire les stéréotypes implique cependant une réflexion sur cette quête effrénée de beauté absolue, liée à une mondialisation des normes esthétiques.
Le marché de la beauté révèle la vitesse à laquelle se mue notre société, confirmant cette envie d’atteindre, quel qu’en soit le chemin, une perfection idéaliste. Le corps est devenu un vecteur de positionnement social, les pratiques de l’embellissement ne cessent donc d’être repoussées. Les standards définis deviennent si irréalistes, que la plupart des femmes ne pourront jamais les atteindre. Entretenus par le monde médiatico-publicitaire, à grand renfort de photos retouchées, ces repères autant visuels que virtuels, ne font que renforcer les phénomènes de body-shaming ou de dysmorphobie, exempts de tout discernement. Triste réalité dont certains acteurs tentent de s’extirper sans trop écorner leur image.
La majorité des grandes enseignes du luxe communiquent fièrement sur leurs nouveaux codes de bonnes conduites : interdit désormais l’accès aux catwalks des mannequins trop maigres pendant les défilés de la Fashion Week… Mais subsiste toutefois une interrogation. Les deux décrets d’application de la « loi mannequin » (retouche photo + contrôle de l’IMC) n’ont-ils pas conditionné ce choix ? C’est l’omerta sur le sujet !
Beauté virtuelle
Entre polémiques et initiatives, l’industrie de la mode a cependant trouvé une solution alternative en proposant une autre forme de beauté! Lil Miquela, Shudu Gram, Bermuda ont toutes la particularité de travailler pour les plus grandes marques : Prada, Chanel, Balmain se les arrachent… Ne les cherchez toutefois pas au détour d’un shooting, mais plutôt du côté de la FashionTech car, au- delà des marqueurs historiques ou culturels, place désormais à une nouvelle forme de beauté : la beauté digitale.
Nés des prouesses de l’intelligence artificielle, ces mannequins d’un nouveau genre questionnent sur la perfection des faux semblants. Ces super digital models émergent bizarrement au moment même, où les mannequins humains sont invités à refléter plus spécifiquement le réalisme de la diversité féminine.
Performance ou régression ? Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact qu’auront ces mannequins virtuels sur les nouveaux cannons de beauté. Le doute subsiste toutefois quant à l’amélioration des souffrances identitaires liées aux normes de beautés, puisque ces créatures aux mensurations utopistes (mais toutefois issues de la pure imagination humaine), s’éloignent encore un peu plus de la réalité…