Skip to main content

Interview avec Marie-Véronique Contat, professeure à IFA Paris, sur le projet de repositionnement Fusalp

Actualités campus et évènements

Interview avec Marie-Véronique Contat, professeure à IFA Paris, sur le projet de repositionnement Fusalp

By juillet, 2019avril 20th, 2022No Comments

Marie Véronique Contat, intervenante free-lance chez IFA Paris depuis plusieurs années, managera dans les prochaines semaines, le projet de repositionnement de Fusalp auprès des étudiants en 2eme année de Bachelor Stylisme Modélisme et Bachelor Marketing de la Mode. Confidences d’avant séances.

Q : Marie-Véronique Contat, vous collaborez une nouvelle fois avec IFA Paris. Qu’est ce qui vous séduit dans les différents formats pédagogiques proposés par l’école ?

Marie-Véronique : Ce que je trouve particulièrement intéressant au sein d’IFA Paris est le fait que l’école forme aussi bien les designers que les marketeurs de demain. Cela crée une véritable émulation parmi les étudiants. Les marketeurs évoluent dans un environnement créatif et très mode, les designers eux, ont dans le cadre de leur programme pédagogique, à côté des cours plus techniques et créatifs, des cours de marketing et de business qui leur seront utiles dans leur vie professionnelle.

Les différents « projets industrie » développés par IFA Paris sont aussi des occasions pour les étudiants des différentes filières de relier la théorie à la pratique, l’analyse à la création, en travaillant pour des marques, des univers, mode et beauté.

Q : Lors de vos interventions, quels aspects jugez-vous les plus complexes mais aussi les plus stimulants ?

Marie-Véronique : Ce qui est particulièrement motivant pour moi à IFA Paris est la grande variété des profils et des nationalités.
C’est la seule école que je connaisse à Paris qui regroupe autant de nationalités différentes avec des étudiants qui viennent des cinq continents. Cela crée de vrais échanges de point de vue entre les étudiants et moi mais aussi entre eux.

L’aspect le plus complexe à gérer est la diversité des profils qui arrivent en MBA à IFA Paris. Une grande hétérogénéité dans les parcours, les expériences, la maturité, les connaissances des étudiants oblige à sans cesse s’adapter, se renouveler en tant que professeur en développant des contenus de cours à plusieurs entrées, suffisamment clairs, accessibles et pédagogiques pour des étudiants très novices en termes de mode, de luxe ou de marketing et aussi plus complexes, plus concrets pour des étudiants plus expérimentés et connaisseurs. Il en faut intellectuellement parlant pour tous ! C’est cela aussi qui rend l’exercice intéressant !

J’interviens notamment auprès des designers pour des cours qui, à priori, sont éloignés de leur cœur de métier comme le branding et je suis chaque année agréablement surprise de constater leur curiosité, leur implication et leur envie de développer leurs compétences.

Q : La technologie est devenue indispensable à la stratégie de communication d’enseignes iconiques ; afin de ne pas rater le virage et rajeunir son image, Fusalp vient de confier à IFA Paris le repositionnement de sa marque. Quelle sera précisément votre action auprès des étudiants durant les modules ?

Marie-Véronique : Mon action et implication dans ce projet intervient à plusieurs stades : tout d’abord, j’ai proposé ce projet au dirigeant de la marque Fusalp d’une part et au directeur d’IFA Paris d’autre part. Les deux interlocuteurs ont été séduits par l’opportunité de collaborer ensemble.

Ensuite, j’ai pu intégrer dans mon cours de « Strategic marketing » pour les étudiants de 2eme année de Bachelor Marketing de la Mode, la première phase de ce travail sur la marque Fusalp et sur le lancement d’une nouvelle collection Capsule.

Un autre professeur prend la suite auprès des ces étudiants pour compléter l’aspect stratégique et opérationnel du projet.
Parallèlement, j’assiste à des réunions de coordination entre les étudiants du Bachelor Marketing de la Mode et des étudiants du Bachelor Stylisme Modélisme.

La dernière étape de ma mission sera d’aider les groupes mixtes (composés d’étudiants en Stylisme Modélisme et d’étudiants en Marketing de la Mode) à présenter à Fusalp un projet de collection capsule créatif et stratégique qui pourrait séduire la marque. Le challenge réside pour les étudiants de stylisme Modélisme dans le fait de présenter un prototype en cohérence avec les objectifs stratégiques développés par les étudiants de Marketing de la Mode.

Q : Quels sont les éventuels risques et/ou potentialités à travailler avec des clients de renom sur des opérations concrètes ?

Marie-Véronique : Dans le cas de cette mission, la principale difficulté réside dans le fait que trois partenaires sont impliqués dans le projet : la société de technologie de la mode Neue Lab, la marque Fusalp et IFA Paris.
D’autre part, nous faisons travailler sur le même projet des étudiants de Stylisme Modélisme et des étudiants de Marketing de la Mode.
Un gros travail de coordination est nécessaire, de plus il peut être difficile de faire converger les intérêts de chacun.

Travailler sur une marque, sur un projet concret, est une vraie motivation pour les étudiants et pour les coordinateurs du projet. Les étudiants sont mis en situation professionnelle, ils doivent à la fois appliquer leurs connaissances mais aussi tenir compte des réalités de l’entreprise, de ses ressources comme de sa stratégie.

Le fait de rendre compte de son travail à des dirigeants d’entreprise crée une certaine pression pour les étudiants ainsi que pour l’école et sa réputation.

Ce type de projet doit satisfaire la marque et répondre à ses attentes, mais également satisfaire le partenaire Neue Lab, impliqué dans le projet. Sur le plan pédagogique, le but est d’apporter un plus aux étudiants et de permettre à l’école de développer d’autres partenariats avec de nouvelles entreprises.
Si le projet plait particulièrement à Fusalp, cela pourrait donner lieu à une poursuite de la collaboration, avec Neue Lab et/ou avec IFA Paris.

Q : Selon votre expérience, comment percevez-vous la différence d’implication des étudiants, qu’il s’agisse d’un projet réel ou d’une étude virtuelle ? Leur motivation est-elle dynamisée par la réalité du terrain ?

Marie-Véronique : Il y a une grande différence à faire travailler les étudiants sur un cas fictif ou un projet réel.

J’ai pu l’expérimenter car les étudiants impliqués dans le projet Fusalp ont travaillé également sur le même type de projet mais en cas fictif.

Résultat : la motivation est différente, la pression aussi.
Leur travail n’est pas seulement évalué par un professeur sur des critères précis et académiques mais par une marque dont les critères sont plus subjectifs…
Dans le cas d’un projet réel, ils doivent faire preuve d’autres qualités, que celles requises pour des cas fictifs. L’implication est plus grande et l’interaction avec les dirigeants de l’entreprise est mobilisatrice.

Q : En quoi le développement d’un projet collectif mené en conditions réelles, favorise-t-il le profit éducatif, professionnel et personnel de chaque étudiant ?

Marie-Véronique : Les bénéfices pour les étudiants sont grands, aussi bien en termes de développement de savoir-faire que de savoir-être.
Ils sortent la tête de leurs cours et sont confrontés à la vraie vie d’une marque et au discours des personnes clés de la marque, ici en l’occurrence, le directeur général et la directrice artistique.

Les étudiants sont confrontés à différents aspects du projet qu’ils doivent gérer : le timing, mais aussi la collaboration avec la marque, les autres étudiants, et le partenaire Neue Lab.

Ils doivent intégrer de nombreuses informations provenant de différentes sources, les sélectionner et les utiliser pour construire un projet cohérent, réaliste, et applicable par la marque.

Les réflexes qu’ils vont développer, la réflexion qu’ils ont à mener, la restitution qu’ils ont à faire et le feedback que leur feront les dirigeants de la marque vont leur permettre d’acquérir de l’expérience professionnelle, qui sans nul doute les aidera à mener d’autres projets dans leur vie professionnelle avec plus de maturité et de confiance.

Q : Enrichis d’une telle expérience, quels reflexes professionnels souhaiteriez-vous qu’ils adoptent systématiquement à l’avenir ?

Marie-Véronique : Il y en a plusieurs :

  • Avoir un esprit d’entreprenariat.
  • Ne pas avoir d’a priori sur les marques et être capables de travailler pour des marques qui ne font pas partie de leurs marques préférées, être curieux et avoir l’envie d’apprendre.
  • Tenir compte de la réalité de l’entreprise derrière la marque, de sa stratégie, sa culture d’entreprise, ses moyens, humains et financiers. Proposer des recommandations en phase avec la marque et spécifiques.
  • S’adapter et faire preuve de flexibilité.
  • Penser « out of the box » : apporter des solutions créatives, ne pas se contenter d’appliquer les principes et les outils vus dans leur formation.
  • Travailler en équipe et mieux comprendre, pour les designers, les besoins, le vocabulaire, le fonctionnement des marketeurs et pour les marketeurs, le métier, la façon de travailler des designers.

C’est une problématique récurrente pour la majorité des marques de mode : les difficultés de communication entre le service marketing ou commercial et les équipes créatives.

Si grâce à ce projet Fusalp, nous avons pu apprendre à des designers et des marketeurs à travailler ensemble, cela leur sera utile dans leur vie professionnelle !

Q : C’est finalement un gros challenge pour tout le monde ! Vous, IFA Paris, les étudiants, Fusalp…pas trop de pression ?

Marie-Véronique : Si, une pression relative surtout due au fait que ce projet demande une grande coordination car de nombreuses personnes sont impliquées.

Le défi, dont nous sommes fiers par ailleurs, de faire travailler ensemble pour la première fois des étudiants de Stylisme Modélisme et de Marketing de la Mode est grand car ni IFA Paris, ni Fusalp, ni les étudiants n’ont l’expérience de ce type de projet mixte.

Cela ajoute une pression supplémentaire.

Un autre challenge est d’impliquer dans le projet une troisième partie, qui est dans le cas présent la société Neue Lab, basée à l’étranger et spécialisée en fashion tech.

C’est une vraie aventure pour nous tous ! Nous espérons que le résultat sera probant, mais c’est aussi le chemin pour y arriver qui est passionnant et ce sera source d’enseignement pour des projets futurs !